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Manuel de sécurisation de Debian
Chapitre 9 - Avant la compromission


9.1 Mettre à jour le système en permanence

Vous devriez effectuer des mises à jour de sécurité fréquemment. La grande majorité des exploits résulte de failles connues qui n'ont pas été corrigées à temps, comme l'explique ce papier par Bill Arbaugh (presenté lors du Symposium 2001 IEEE sur la sécurité et la confidentialité). Les mises à jour sont décrites dans Faire une mise à jour de sécurité, Section 4.2.


9.1.1 Vérifiez manuellement quand des mises à jour de sécurité sont disponibles

Debian dispose d'un outil spécifique pour déterminer si un système a besoin d'être mis à jour (voir Tiger ci-dessous), mais beaucoup d'utilisateurs veulement simplement vérifier si des mises à jour de sécurité sont disponibles pour leur système.

Si vous avez configuré votre système comme décrit dans Faire une mise à jour de sécurité, Section 4.2, vous avez simplement à faire :

     # apt-get update
     # apt-get upgrade -s
     [ ... passer en revue les paquets à mettre à jour ... ]
     # apt-get upgrade 
     # checkrestart
     [ ... redémarrer les services qui doivent être redémarrés ... ]

Et redémarrez les services dont les bibliothèques ont été mises à jour s'il y en a. Note : lisez Faire une mise à jour de sécurité, Section 4.2 pour plus d'informations sur les mises à jour de bibliothèques (et de noyau).

La première ligne téléchargera la liste des paquets disponibles depuis vos sources de paquets configurées. L'option -s effectuera une simulation d'exécution, c'est-à-dire, qu'elle ne va pas télécharger ou installer de paquets, mais qu'elle va plutôt vous dire quels paquets seraient téléchargés et/ou installés. À partir de cette sortie, vous pouvez en déduire quels paquets ont été corrigés dans debian et sont disponibles comme mise à jour de sécurité. Par exemple :

     # apt-get upgrade -s
     Lecture des listes de paquets... Fait
     Construction de l'arbre des dépendances... Fait
     Calcul de la mise à jour... Fait
     Les paquets suivants seront mis à jour :
       cvs libcupsys2
     2 mis à jour, 0 nouvellement installés, 0 à enlever et 0 non mis à jour.
     Inst cvs (1.11.1p1debian-8.1 Debian-Security:3.0/stable)
     Inst libcupsys2 (1.1.14-4.4 Debian-Security:3.0/stable)
     Conf cvs (1.11.1p1debian-8.1 Debian-Security:3.0/stable)
     Conf libcupsys2 (1.1.14-4.4 Debian-Security:3.0/stable)

Dans cet exemple, vous pouvez voir que le système a besoin d'être mis à jour avec des nouveaux paquets cvs et cupsys qui sont récupérés depuis l'archive de mises à jour de sécurité de woody. Si vous voulez comprendre pourquoi de tels paquets sont nécessaires, vous devriez aller à http://security.debian.org et vérifier quelles Alerts de sécurité Debian (DSA) récentes ont été publiées concernant ces paquets. Dans ce cas, les DSA concernées sont DSA-233 (pour cvs) et DSA-232 (pour cupsys).

Remarquez que vous devrez redémarrer votre système s'il y a eu une mise à jour du noyau.


9.1.2 Vérifiez automatiquement les mises à jour avec cron-apt

Une autre méthode pour des mises à jour de sécurité automatique est l'utilisation de cron-apt. Ce paquet fournit un outil pour mettre à jour le système à intervalles réguliers (en utilisant une tâche cron). Par défaut, il va simplement mettre à jour la liste des paquets et télécharger les nouveaux paquets. Il peut également être configuré pour envoyer un courriel à l'administrateur système.

Notez que vous pouvez vouloir vérifier la version de distribution comme décrit dans Alternative à la vérification des versions de distribution, Section 7.4.4, si vous avez l'intention de mettre à jour automatiquement votre système (même si vous ne faites que télécharger les paquets). Sinon, vous ne pouvez pas être certain que les paquets téléchargés proviennent réellement d'une source de confiance.


9.1.3 Utilisez Tiger pour vérifier automatiquement les mises à jour de sécurité

Si vous recherchez un outil pour vérifier rapidement et fournir un compte rendu sur les failles de sécurité d'un système, essayez le paquet tiger. Ce paquet est un ensemble de scripts shell Bourne, de programmes C et de fichiers de données utilisés pour effectuer des audits de sécurité. Le paquet Debian GNU/Linux dispose d'améliorations supplémentaires orientés vers la distribution Debian, en fournissant plus de fonctionnalités que les scripts Tiger fourni par TAMU (ou même TARA, une version de tiger distribuée par ARSC). Voir le fichier README.Debian et la page de manuel tiger(8) pour plus d'informations.

L'une de ces améliorations est le script deb_checkadvisories. Ce script prend une liste de DSA et la vérifie par rapport à la base de paquets installés, en indiquant tout paquets qui serait vulnérables selon l'équipe de sécurité Debian. Cela est une approche légèrement différente et plus générale que celle implémentée par le script Tiger check_signatures qui vérifie les MD5sums de programmes vulnérables connus.

Comme Debian ne fournit pas actuellement une liste de MD5sums des programmes vulnérables connus (utilisée par certains autres systèmes d'exploitation comme Sun Solaris), l'approche vérifier-par-rapport-aux-DSA est utilisée. L'approche DSA et l'approche MD5sums souffrent toutes deux du problème que les signatures doivent être mises à jour régulièrement.

Cela est actuellement résolu en créant de nouvelles version du paquet Tiger, mais le responsable du paquet pourrait ne pas faire une nouvelle version à chaque fois qu'une DSA est annoncée. Un ajout agréable, qui n'est pas encore implémenté, serait de faire cela de façon proactive. C'est-à-dire, de télécharger les DSA du web, de faire la liste et d'exécuter la vérification. Les DSA sont actuellement mises à jour depuis la mise à jour CVS locale du responsable des sources WML utilisés pour construire http://security.debian.org (le serveur web).

Un programme pour analyser les DSA publiées, soit reçues par courriel ou disponible sur security.debian.org et qui générerait le fichier utilisé par deb_checkadvisories pour confirmer les failles serait apprécié. Envoyez un rapport de bogue pour tiger.

La vérification mentionnée est exécuté par la configuration de programme standard une fois installé (voir /etc/tiger/cronrc) :

     # Vérifie les mesures de sécurité Debian chaque jour à 1h00
     #
     1 * *   deb_checkmd5sums deb_nopackfiles deb_checkadvisories
     #

Il y a une vérification supplémentaire que vous pourriez vouloir ajouter, qui ne fait pas partie des scripts standard cron scripts. Cette vérification est le script check_patches, qui fonctionne de la façon suivante :

Si vous utilisez un système stable et que vous ajoutez la ligne de source apt pour security.debian.org à votre fichier /etc/apt/sources.list (comme décrit dans Faire une mise à jour de sécurité, Section 4.2), ce script sera capable de vous dire s'il y a de nouveaux paquets que vous devez installer. Comme les seuls paquets modifiés dans cette configuration sont les mises à jour de sécurité, vous pourriez avoir exactement ce que vous désirez.

Bien sûr, ceci ne fonctionnera par si vous utilisez testing ou sid/unstable, car actuellement, les nouveaux paquets sont probablement beaucoup plus que des mises à jour de sécurité.

Vous pouvez ajouter ce script aux vérifications effectuées par la tâche cron (dans le fichier de configuration ci-dessus) et tigercron vous enverra par courrier (à l'expéditeur désigné par Tiger_Mail_RCPT dans le fichier /etc/tiger/tigerrc) la liste des nouveaux paquets :

     # Vérifie les mesures de sécurité Debian chaque jour à 1h00
     #
     1 * *   deb_checkmd5sums deb_nopackfiles check_patches
     #

9.1.4 D'autres méthodes de mises à jour de sécurité

Vous pourriez également regarder du côté de secpack qui est un programme non officiel pour effectuer des mises à jour de sécurité depuis security.debian.org avec des vérifications de signatures écrit par Fruhwirth Clemens.


9.1.5 Évitez d'utiliser la branche unstable

À moins que vous ne vouliez dédier du temps à corriger les paquets vous-même quand une faille survient, vous ne devriez pas utiliser la branche unstable de Debian pour des systèmes de production. La raison principale à cela est qu'il n'y a pas de mises à jour de sécurité pour unstable (voir Comment est assurée la sécurité pour les versions testing et unstable ?, Section 11.3.7).

Le fait est que certains problèmes de sécurité peuvent apparaître dans unstable et pas dans la distribution stable. Cela est dû aux nouvelles fonctionnalités ajoutées constamment aux applications fournies, ainsi qu'aux nouvelles applications incluses qui peuvent ne pas encore avoir été testées en profondeur.

Pour effectuer des mises à jour de sécurité dans la branche unstable, il se peut que vous deviez faire des mises à jour complètes vers de nouvelles versions (ce qui peut mettre à jour beaucoup plus que les paquets touchés). Bien qu'il y ait des exceptions, les correctifs de sécurité sont habituellement rétro-portés dans la branche stable. L'idée principale étant qu'entre les mises à jour, aucun nouveau code ne doit être ajouté, seulement des correctifs pour des problèmes importants.


9.1.6 Évitez d'utiliser la branche testing

Si vous utilisez la branche testing, il y a plusieurs problèmes que vous devez prendre en compte concernant la disponibilité des mises à jour de sécurité :

Ce comportement peut changer selon l'état de publication de la distribution. Quand une nouvelle version est presque imminente, l'équipe de sécurité ou les responsables de paquet peuvent fournir des mises à jour directement dans testing


9.1.7 Mises à jour automatiques dans un système Debian GNU/Linux

Tout d'abord, les mises à jour automatiques ne sont pas complètement recommandées car les administrateurs devraient vérifier les DSA et comprendre l'impact de toute mise à jour de sécurité donnée.

Si vous voulez mettre à jour votre système automatiquement, vous devriez :

Une alternative plus sure peut être d'utiliser l'option -d (ou --download-only) qui téléchargera les paquets nécessaires, mais ne les installera pas. Puis, si l'exécution de cron affiche que le système doit être mis à jour, cela peut être fait manuellement.

Pour accomplir ces tâches, le système doit être configuré correctement pour télécharger les mises à jour de sécurité comme décrit dans Faire une mise à jour de sécurité, Section 4.2.

Cependant, cela n'est pas recommandé pour unstable sans analyse attentive, car vous pourriez placer votre système dans un état inutilisable si un bogue sérieux s'introduit dans un paquet important et est installé sur votre système. Testing est un peu mieux sécurisé concernant ce problème car les bogues sérieux ont une meilleure chance d'être détecté avant que le paquet ne soir placé dans la branche testing (cependant, vous pouvez n'avoir aucune mise à jour de sécurité disponible de quelque façon).

Si vous avez une distribution mixte, c'est-à-dire, une installation de stable avec des paquets mis à jour de testing ou d'unstable, vous pouvez jouez avec les préférences d'étiquetage ainsi qu'avec l'option --target-release d'apt-get pour ne mettre à jour que les paquets que vous avez mis à jour. [52]


9.2 Faites des tests d'intégrité périodiques

En vous basant sur les informations de base que vous avez générées après l'installation (i.e. l'instantané décrit dans Prendre un instantané (snapshot) du système, Section 4.18), vous devriez pouvoir effectuez un test d'intégrité de temps en temps. Un test d'intégrité pourra détecter des modifications du système de fichiers réalisées par un intrus ou dues à une erreur de l'administrateur système.

Les tests d'intégrité devraient, si possible, être réalisés non connectés.[53] C'est-à-dire, sans utiliser le système d'exploitation du système à contrôler, pour éviter un sentiment de sécurité erroné (i.e. des faux négatifs) produit par, par exemple, des rootkits installés. La base de données d'intégrité par rapport à laquelle le système est vérifiée devrait également être utilisée depuis un support en lecture seule.

Vous pouvez envisager de faire des vérifications d'intégrité en ligne en utilisant l'un des outils d'intégrité de système de fichiers disponibles (décrits dans Vérifier l'intégrité des systèmes de fichiers, Section 4.16.3) s'il n'est pas possible de déconnecter le système. Cependant, des précautions devraient être prises pour utiliser une base de données d'intégrité en lecture seule et également pour assurer que les outils de vérification d'intégrité (et le noyau du système d'exploitation) n'ont pas été falsifiés.

Certains des outils mentionnés dans la sections des outils d'intégrité, comme aide, integrit ou samhain, sont déjà préparés pour faire des vérifications périodiques (en utilisant la crontab dans les deux premiers cas et en utilisant un démon indépendant pour samhain) et ils peuvent avertir l'administrateur par différents moyens (habituellement par courriel, mais samhain peut également envoyer des pages, des alertes SNMP ou des alertes syslog) quand le système de fichiers est modifié.

Bien sûr, si vous exécutez une mise à jour de sécurité du système, l'instantané pris pour le système devrait être régénéré pour prendre en compte les modifications réalisées par la mise à jour de sécurité.


9.3 Mise en place d'un système de détection d'intrusion

Debian inclut certains outils pour la détection d'intrusion qui sont utiles pour défendre votre système local ou pour défendre d'autres systèmes dans le même réseau. Ce type de défense est important si le système est très critique ou si vous êtes vraiment paranoïaque. Les approches les plus communes dans la détection d'intrusion sont la détection d'anomalie statistique et la détection de correspondance de modèle.

Soyez toujours aux aguets de manière à réellement améliorer la sécurité du système avec n'importe lequel de ces outils, vous devez avoir un mécanisme alerte+réaction. Donc, n'utilisez pas de système de détection d'intrusion si vous n'avertissez personne.

Quand une attaque particulière est détectée, la plupart des outils de détection d'intrusion vont soit loguer l'événement avec syslogd, soit envoyer des courriers à l'utilisateur root (le destinataire du courrier est habituellement configurable). Un administrateur doit configurer convenablement les outils afin que de fausses alertes ne soient pas envoyées. Les alertes peuvent également indiquer une attaque en cours et ne seraient pas très utiles un jour plus tard, puisque l'attaque pourrait déjà alors avoir été couronnée de succès. Assurez-vous donc qu'une règle de sécurité correcte a été mise en place vis-à-vis des alertes et que les mécanismes techniques pour l'implémenter sont en place.

Une source d'information intéressante est la checklist de détection d'intrusion du CERT.


9.3.1 Détection d'intrusion provenant du réseau

Les outils de détection d'intrusions provenant du réseau scrutent le trafic sur un segment de réseau et utilisent cette information comme source de données. Spécifiquement, les paquets du réseau sont examinés et ils sont vérifiés pour voir s'ils correspondent à une certaine signature.

Snort est un renifleur flexible de paquets ou un logueur qui détecte les attaques selon un dictionnaire de signature d'attaques. Il détecte une variété d'attaques et de sondes, tels que des débordements de capacité, les scans dissimulés de ports, les attaques CGI, les sondes SMB, et bien d'autres. Snort dispose également d'une capacité d'alerte en temps réel. Vous pouvez utiliser snort pour un certain nombre d'hôtes de votre réseau ainsi que pour votre propre hôte. C'est un outil qui peut être installé sur n'importe quel routeur pour garder un œil sur le réseau. Installez-le simplement avec apt-get install snort, suivez les questions et regardez les logs. Pour un cadre de travail de sécurité un peu plus large, veuillez voir Prelude.

Le paquet snort de Debian est installé avec de nombreuses vérifications de sécurité activées par défaut. Toutefois, vous devriez prendre le temps de personnaliser l'installation pour prendre en compte les services que vous utilisez sur votre système. Vous pouvez très bien aussi demander des vérifications supplémentaires spécifiques à ces services.

Note : Les paquets snort disponibles pour Woody sont plutôt obsolètes et peuvent même être bogués, vous pouvez récupérer des paquets Snort rétroportés (et signés) fournis par le responsable à http://people.debian.org/~ssmeenk/snort-stable-i386/.

Il y a d'autres outils plus simples qui peuvent être utilisés pour détecter les attaques réseaux. portsentry est un autre paquet intéressant qui peut vous informer lorsqu'un scan de votre réseau est effectué sur votre site. D'autres outils comme ippl ou iplogger peuvent aussi détecter certaines attaques IP (TCP et ICMP), même s'ils ne fournissent pas de techniques avancées pour détecter les attaques réseaux (comme le ferait snort).

Vous pouvez testez chacun de ces outils avec le paquet Debian idswakeup, un générateur de fausses alertes et qui inclut un grand nombre de signature d'attaques communes.


9.3.2 La détection d'intrusion fondée sur hôte

La détection d'intrusion fondée sur l'hôte implique de charger des logiciels sur le système à étudier qui utilise les fichiers de journaux et/ou les programmes d'audit du système comme source de données. Il scrute les processus suspects, scrute les accès d'hôtes et peut même scruter les changements aux fichiers critiques du système.

Tiger est un ancien outil de détection d'intrusion qui a été porté sous Debian depuis la distribution woody. Tiger fournit un ensemble de vérifications sur des problèmes communs liés aux failles de sécurité, il vérifie la force des mots de passe, les problèmes du système de fichiers, les processus de communications et d'autres façons par lesquelles root peut être compromis. Ce paquet inclut de nouvelles vérifications de sécurité spécifiques à Debian comprenant : les vérifications de MD5sums des fichiers installés, les emplacements de fichiers n'appartenant pas aux paquets et l'analyse des processus locaux à l'écoute. L'installation par défaut configure tiger pour être exécuté chaquet jour, générant un compte-rendu qui est envoyé au super-utilisateur à propos des compromis possibles du système.

Des outils d'analyse de journaux comme logcheck peuvent également être utilisés pour détecter des tentatives d'intrusions. Voir Utiliser et personnaliser logcheck, Section 4.12.1.

De plus, des paquets scrutant l'intégrité du système de fichiers (voir Vérifier l'intégrité des systèmes de fichiers, Section 4.16.3) peuvent être utiles dans la détection d'anomalies dans un environnement sécurisé. Il est très probable qu'une intrusion effective modifiera certains fichiers du système de fichiers locaux pour court-circuiter les règles de sécurité locales, installer un cheval de Troie ou créer des utilisateurs. De tels événements peuvent être détectés avec les vérificateurs d'intégrité du système de fichiers.


9.4 Éviter les rootkits


9.4.1 Loadable Kernel Modules (LKM)

Les LKM (Loadable Kernel Modules ou modules de noyau chargeables) sont des fichiers contenant des composants de noyau chargeables dynamiquement utilisés pour étendre les fonctionnalités de noyau. Le principal avantage d'utiliser des modules est la possibilité d'ajouter des périphériques additionnels comme une carte réseau ou une carte son sans avoir à recompiler le noyau entièrement. Cependant certains pirates peuvent utiliser les LKMs pour les rootkits (knark et adore) afin d'installer des portes dérobées sur des systèmes GNU/Linux.

Les portes dérobées des LKM peuvent être plus sophistiquées et moins détectables que des rootkits traditionnels. Ils peuvent cacher des processus, des fichiers, des répertoires et même des connexions sans modifier les codes sources des binaires. Par exemple, un LKM peut forcer le noyau à cacher des processus spécifiques dans procps pour que même une bonne copie du binaire ps ne puisse lister des informations exactes à propose des processus actuels du système.


9.4.2 Détection des rootkits

Il existe deux approches pour défendre votre système contre les rootkits LKM, une défense proactive et une défense réactive. La détection peut être simple et sans douleur ou difficile et usante selon la mesure que vous choisissez.


9.4.2.1 Défense proactive

L'avantage de ce type de défense est qu'elle prévient des dommages que pourrait entraîner un rootkit au système. Une telle stratégie est de "les attraper en premier", c'est-à-dire, de charger un LKM bien défini afin de protéger le système d'autres LKM infectés. Une deuxième stratégie consiste à retirer la fonctionnalité de chargement des modules du noyau lui-même. Notez, cependant, qu'il existe des rootkits qui peuvent fonctionner même dans ce cas, il en existe certains qui altèrent directement /dev/kmem (la mémoire du noyau) pour se rendre indétectables.

Debian GNU/Linux fournit quelques paquets qui peuvent être utilisés pour mettre en place une défense proactive :

Si vous n'avez pas l'utilité de toutes ces fonctionnalités de noyau sur votre système GNU/Linux, vous pouvez vouloir désactiver le support des modules chargeables lors de la configuration du noyau. Pour désactiver le support des modules chargeables, positionnez simplement CONFIG_MODULES=n lors de l'étape de configuration de construction de votre noyau ou dans le fichier .config. Cela prévient des rootkits LKM mais vous ne pourrez plus utiliser les modules avec votre noyau GNU/Linux. Faites attention que la désactivation des modules peut surcharger le noyau, rendant le support du chargement nécessaire.


9.4.2.2 Défense réactive

L'avantage d'une défense réactive est qu'elle représente une faible surcharge au niveau des ressources systèmes. Elle fonctionne en comparant la table des appels systèmes avec une copie sûre d'un fichier du disque, System.map. Bien sûr, une défense réactive n'avertira l'administrateur qu'après la compromission du système.

La détection des rootkits dans Debian peut être accomplie avec le paquet chkrootkit. Le programme Chkrootkit cherche des signes de présence de plusieurs rootkits connus sur le système local, mais ce n'est pas un test définitif.

Vous pouvez aussi utiliser KSTAT (Kernel Security Therapy Anti Trolls) du groupe S0ftproject. KSTAT vérifie la zone mémoire du kernel (/dev/kmem) pour des informations au sujet de l'hôte cible pour aider l'administrateur système à trouver et supprimer des LKM .


9.5 Idées géniales/paranoïaques — ce que vous pourriez faire

C'est probablement la section la plus instable et la plus amusante, car j'espère que quelques unes des idées « bah, ça semble dingue » pourraient être réalisées. Vous trouverez ci-dessous certaines idées pour améliorer la sécurité — suivant votre point de vue vous les qualifierez de géniales, paranoïaques, folles ou inspirées.


9.5.1 Construction d'un pot de miel

Un pot de miel est un système conçu pour apprendre aux administrateurs système comment des attaquants sondent et exploitent un système. Il s'agit d'une configuration système qui a pour but d'être sondée, attaquée et potentiellement exploitée. En apprenant les outils et méthodes utilisées par l'attaquant, un administrateur système peut apprendre à mieux protéger ses propres systèmes et son réseau.

Un système Debian GNU/Linux peut facilement être configuré comme un pot de miel, si vous y consacrez le temps de l'implémenter et de le surveiller. Vous pouvez facilement mettre en place le serveur de pot de miel factice ainsi que le pare-feu[56] qui contrôle le pot de miel et un certain type de détecteur d'intrusion réseau, placez-le sur l'Internet et attendez. Prenez soin de vous assurer d'être averti à temps (voir L'importance des logs et des alertes, Section 4.12) si le système est victime d'un exploit pour que vous puissiez prendre des mesures appropriées et terminer le compromis une fois que vous en avez assez vu. Voici quelques uns des paquets et problèmes à considérer lors de la configuration de votre pot de miel :

Si vous ne pouvez pas utiliser des systèmes de réserve pour construire les pots de miel et les systèmes réseau pour le protéger et le contrôler, vous pouvez utiliser la technologie de virtualisation disponible dans xen ou uml (User-Mode-Linux). Si vous choisissez cette route, vous devrez modifier votre noyau soit avec kernel-patch-xen, soit avec kernel-patch-uml.

Vous pouvez en lire plus sur la construction des pots de miel dans l'excellent article de Lance Spizner To Build a Honeypot (de la série des "connaissez votre ennemi"). De même, le Honeynet Project fournit des informations de valeurs sur comment configurer un pot de miel et comment auditer les résultats d'une attaque.


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Manuel de sécurisation de Debian

Version: 3.4, Sun, 06 Nov 2005 22:34:04 +0100

Javier Fernández-Sanguino Peña jfs@debian.org
Auteurs, Section 1.1

version française par Frédéric Bothamy (traducteur actuel)
Pierre Machard et Arnaud Assad (anciens traducteurs)
et les membres de la liste debian-l10n-french@lists.debian.org