6 au Volley - Épisode 11

Auteur : shiro
Les quelques jours qui séparèrent cette fameuse soirée de
l'entraînement suivant furent des journées de doutes pour nos
protagonistes, chacun en proie à ses démons et assailli de questions
malheureusement sans réponse. Hélène se demandait si Jérôme lui
échapperait définitivement et cherchait la réponse dans des breuvages
euphorisants. Jérôme voyait son esprit tourmenté ne sachant ce que
représentait cette attirance fulgurante et dévastatrice pour la
délicieuse muse du Coolin, alors qu'il se sentait encore si proche de
son Lâm. Ce dernier brûlait de jalousie après l'infidélité de Jérôme.
C'est dans les bras de Tisui qu'il trouvait le réconfort sans plus de
remord. Stéphane envisageait de plus en plus sérieusement Florence,
dont la libido avait été réveillée par la promiscuité de leurs genoux,
tandis que son éducation s'opposait farouchement à ce tourment des
sens. Quant aux Sisters, elles se demandaient si on disposerait un
jour de batteries plus performantes.

C'est dans ce contexte qu'arriva le vendredi. Connaissant la violence de
Lâm quand il était en proie à la colère et au chagrin, Jérôme jugea
plus prudent de ne pas jouer ce soir-là. Pourtant, il ne résista pas à
la tentation de venir admirer son homme. Les mains caressées, serrées,
effleurées entre Lâm et Hélène au cours de la partie causèrent en lui
un profond désarroi. Mais aucune tristesse. Pas même de jalousie. Il
était là, contemplant l'esthétique du corps de Lâm en plein effort,
mais son esprit était ailleurs. Il avait encore en lui l'odeur de la
peau qu'il s'était appropriée quelques soirs auparavant, ce regard si
troublant, cette grâce qu'il n'avait encore jamais connu, la douceur de
sa voix. Oui, quelque chose semblait avoir changé.
Comme tous les vendredi après l'entraînement, c'est à la Taverne du
Cheval que les sportifs se retrouvaient. C'était leur cantine; une
ambiance chaleureuse et des slows italiens en prime. Le climat
semblait plus détendu, la gêne du mardi avait disparu, ou paraissait
mieux dissimulée. Les girafes succédaient aux pintes, les Cocas aux
Sprites, l'alcool reprenait son oeuvre et échauffait à nouveau les coeurs
et les sens.
Le hasard avait placé Fred en face d'Anne-Laure, plus pétillante que
jamais. En voulant saisir leurs verres, leurs mains, hésitantes, se
croisèrent, se touchèrent. Un tourbillon de sensualité s'empara d'eux et
le bouillonnement d'hormones rosit leur visage. Ils s'échangèrent enfin
un sourire dont le sens était sans ambiguïté. Malheureusement, ils se
sentaient observés, décelant les regards intrigués de Stéphane et
d'Hélène, qui en avaient vu d'autres et avaient tout compris, et
tentèrent de feindre l'indifférence. Mais comment lutter quand le désir
se fait si fort et l'appel des sens si insistant ? Ils ne pouvaient
détacher leurs regards l'un de l'autre et le jeu des pieds sous la table
s'accélérait dangereusement. Finalement, n'y tenant plus, ils se
décidèrent précipitamment à quitter la joyeuse assistance, prétextant
la peur de louper le dernier métro (il était environ 23h), devant les
regards incrédule de Florence et amusé de Steph, qui comptait bien
profiter de l'atmosphère si sensuelle de cette soirée pour ne pas
rentrer seul. Il regarda tour à tour Hélène puis Florence, sourit
intérieurement et commença à échafauder un énième plan d'approche.
Cette soirée serait la sienne, il se sentait irrésistible. Fred et
Anne-Laure quant à eux étaient déjà loin, courant dans le froid,
impatients de s'unir après de si longs mois passés à se cacher leur
attirance charnelle.

De l'autre côté de la table, les volleyeurs se livraient à une joute de
blagues dont même Bouvard n'aurait pas voulu. Christian, intenable,
Pascal, survolté, et Fab, chaud comme la braise, profitaient d'un
public particulièrement clément dont Amélie et Camille se faisaient
volontiers l'écho.

La soirée ne faisait que commencer...
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