6 au Volley - Épisode 12

Auteur : Dodgee
Paris, 8h du matin.

Les visages étaient parfois tirés, parfois ensommeillés, délicats
vestiges d'une soirée pas toujours reposante. Dans la grisaille de la
capitale, les moteurs ronronnaient doucement, les autoradios menant la
danse pour emporter nos héros vers ce nouveau défi, vers ce tournoi
qu'ils s'étaient imposés. Pas moins de trois équipes allaient de
nouveau se lancer dans la bataille, trois dignes représentantes des
volleyeurs du club. Jérome, plus déterminé que jamais avait endossé
son survêtement Italia, et Florence veillait à ce que chacun de ses
coéquipiers ne manque de rien, brandissant fièrement ses fraises
Tagada. Lâm, pour ne pas déroger à la règle, était passé à la
boulangerie faire son plein de croissants, qu'il dévorait en attendant
le début de la compétition.

Déjà les équipes s'observaient, quelques paroles s'échangeaient entre
les vieux briscards habitués à ce genre de manifestation, alors que
les inscriptions commençaient. Sur les tribunes, on vit soudain un
début de chorégraphie improvisée, conclue par un cri résonnant dans
tout le gymnase : « Equipe Coquillage ! ». À peine surpris de
l'intervention remarquée d'Antoine, nos volleyeurs se détournaient
prestement, comme pour nier l'appartenance des énergumènes à leur
groupe. Les petits rires qu'on pouvait entendre ne trompaient pas,
cependant.

C'est alors que le coup de théâtre se produisit. Victimes, sans nul
doute, d'une infâme conspiration, nos trois équipes se virent
séparées, déportées chacune dans un gymnase différent. Avec une larme
à l'oeil, Lâm vit ainsi partir Hélène, dont il s'était plus que
rapproché devant l'infidélité de Jérome. Des mots étranglés, à peine
un effleurement, et déjà la belle quittait le gymnase, non sans un
soupir de soulagement de la part de Jérome. Loin des apparences sur le
terrain, toutes les tensions n'étaient pas apaisées au sein de
l'équipe. À nouveau, alors que Lâm profitait d'une pause pour appeler
Hélène, Jérome n'y tenant plus intervenait.

- Tu n'as pas fini de l'appeler bien fort devant moi ? Tu veux donc me
faire souffrir ?
- J'ai fait mon choix pourtant, tu vois bien avec qui je passe ma
journée ...
- Oui ... Mais avec qui passeras-tu ta nuit ?
- ...

Les matchs s'enchaînaient, de victoires en défaites, de bonnes
surprises en désillusion, nos volleyeurs tombaient les uns après les
autres, victime de l'infâme machination qui les avait séparés, broyant
leur moral et leur motivation. En début d'après midi se jouaient leurs
derniers espoirs. Ludo, plus motivé que jamais décidait de trouver une
nouvelle force, ou une consolation auprès de la crème chauffante qui
lui procurait des sensations nouvelles, et d'une intensité rarement
atteinte. Ses cris de joie sur le terrain devaient pourtant incommoder
ses compagnons plus encore que ses adversaires, et avec un râle de
désespoir, il échoua dans les derniers points, laissa la victoire
s'échapper, au grand dam d'Hélène, qui ne retrouverait donc pas Lâm
pour la suite du tournoi.

Jouant avec rigueur, un peu d'audace, et beaucoup de chance, ce
dernier s'émerveillait de la fortune qui leur souriait malgré un
démarrage de journée difficile. 21-20, le score résonnait encore dans
ses oreilles. Encore une fois ils avaient arraché la victoire, et de
quelle manière. Mené 13-20, risquant à chaque instant de perdre la
rencontre, ils avaient finalement réussi à s'imposer, décrochant par
là même leur place pour la suite de la compétition. Indomptable au
service, Florence n'avait pas tremblé une seule fois, pas plus que
Sebastian n'avait failli en défense ou Jérome à l'attaque.

La compétition n'était pas finie, et alors que la fatigue commençait à
montrer ses premiers signes chez les participants, la tension montant
encore davantage, un nouveau match se profilait. C'est alors que d'une
seule voix, Florence, Sebastian et Lâm se demandèrent où était passé
Jérome ... Leur coéquipier avait disparu.
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